We're living different lives (Lorna & Peter)

Echo pouvait ne pas mieux tomber. Parfaite, merveilleuse situation pour se fondre dans la masse et se faire oublier un peu par tous les partis qui ne manqueraient pas de lui vouloir du mal, ou pire, tenter de l'aider. Lorna n'avait besoin de personne, d'aucun camp, sauf le sien. Son ancien groupe, dont faisait partie son (ex-?)fiancé, ils n'avaient pas la bonne méthode, et ne voulaient que revoir la Lorna d'avant. Les X-Men ? S'ils existaient vraiment, à quoi servaient-ils ? Ce n'était pas comme si les mutants étaient maintenant totalement en sécurité, malgré leurs bonnes paroles. L'Inner Circle voulait la contrôler, et ses motifs cachés lui tapaient sur le système. Et finalement le gouvernement, qui préférerait décidemment que la fille sauvage de Magneto ne se promène pas librement. Trop de regards. Trop peu d'endroits où se cacher. Du moins, ça c'était avant. Ici, tout était à la fois nouveau et familier, définitivement chaotique. Elle passerait mieux inaperçue, si elle ne faisait pas trop de vague.

Ayant abandonné derrière elle tout ancien moyen de communication, Lorna devait se procurer un nouveau téléphone. Jetant son dévolu sur un magasin d'électronique qui ne manquerait pas d'avoir des téléphones intraçables, elle y entra. Le magasin avait une section jeux-vidéos, dont elle ne porta pas la moindre attention, se dirigeant plutôt vers l'endroit où se trouvaient les téléphones portables. Elle ne faisait pas tache dans le décor, ses cheveux verts s'harmonisant parfaitement avec le genre de clientèle geek des lieux.

La première fois qu'elle pensait apercevoir quelque chose du coin de l'œil, elle ne se contenta que de tourner légèrement la tête. Laissant la curieuse impression disparaître de son esprit, téléphone en main, elle se dirigea vers le comptoir du vendeur. À nouveau, elle crut voir quelque chose. Le coffret de jeu vidéo sur le présentoir à quelques pas d'elle s'était volatilisé. Pourtant, rien ni personne n'avait bougé dans le magasin. Sûrement la fatigue. Elle était sur le point de payer avec le peu d'argent cash qu'elle avait lorsque le vendeur, ayant lui aussi vu un article de son magasin disparaître, s'exclama.

— Rends tout de suite ce que tu as piqué, la voleuse !

Lorna prit une longue seconde avant de comprendre que le vendeur l'accusait, elle, d'avoir volé. Une bouffée d'irritation l'envahit et elle pencha légèrement la tête sur le côté, vrillant du regard l'homme.

— Je n'ai rien fait, cracha-t-elle, l'irritation se muant en colère.

L'homme parut hésiter, mais n'en démordit pas. Cette fois, il lui empoigna le bras par dessus le comptoir. Alors ça ! Sans remord, Lorna projeta le vendeur d'une poussée magnétique vers l'arrière.

— On ne touche pas, siffla-t-elle, regardant avec mépris de haut en bas l'homme qui tentait de se relever, mais qu'elle repoussait toujours d'une pichenette, des filaments verts autour des doigts.

Son regard verdoyant se posa sur le téléphone.

— Tu sais quoi ? Comme dédommagement pour m'avoir traitée de voleuse, je vais prendre ça gratuitement, fit-elle en prenant l'objet pour lequel elle était venue dans ce trou pourri.

Elle allait tourner les talons - après tout, quelque chose s'était passé dans ce magasin, un autre mutant peut-être ? -, mais l'homme eut la brillante idée de lui balancer une floppée d'insultes colorées. Cette fois, sa colère prit une tournure démesurée. Elle leva la main en direction des étagères remplies à craquer au dessus de la tête de l'homme, le métal grinça, commença à se tordre, menaçant de tomber sur lui. Peut-être apprendrait-il à fermer sa bouche si elle se montrait un peu plus... convaincante ?

La boutique geek n’est pas très loin de chez lui, c’est pratique pour les petits gens de l’immeuble. Et c’est pratique pour Peter, mais au fond, pour lui, que ce soit près ou loin, ça n’a pas vraiment d’importance. Avec sa super vitesse, il parcourt la ville en quelques minutes. Mais pratique parce que s’il veut jouer, il en a que pour quelques secondes pour trouver ce qu’il lui faut et se mettre à geeker.

Cette fois n’est pas coutume, il est dans son magasin faisant ses achats gratuits. Cette phrase est logique pour lui, chut. Mais il ne s’attendait pas à ce que tout finisse en carnage. Il était déjà sur le point de partir quand il a vu le caissier accuser la fille de Kermit (quoi, elle a les cheveux verts, c’est donc soit Kermit, soit Cetelem.) d’avoir voler les jeux. Il aurait pu se sentir coupable mais bwaaah, de toute façon si la police se pointe, ils verront bien qu’elle n’a rien sur elle. C’est au moment où il se décide ENFIN à partir (c’est que cette histoire lui fait perdre du temps), qu’il voit le vendeur être projeté plus loin. Le pauvre a tout juste le temps de se relever qu’il est de nouveau mis en arrière, des fils verts sortant des doigts de la demoiselle.

Peter reste figé sur place, la bouche ouverte, se stoppant dans sa course, les bras remplis de tas de jeux et apapreils. Ses grosses lunettes sur la tête, son look rocker des années dépassées et ses cheveux argentés, il a l’air aussi déjanté de la demoiselle mais carrément moins dangereux avec sa tête d’ahuris. Les meubles et étagères se mettent à trembler et certains objets à voler. Mais c’est quoi ce cirque ?!!!!

“Hey Yoda, ça ne va pas non ??? T’es quoi au juste ? Oh je sais, Magneto meuf d’un autre monde ? Je ne sais pas si c’est ultra cool ou super glauque. Faut se calmer un peu les nerfs. Si tu veux passer ta colère dans les jeux, je te conseille Sonic, il est super rapide, je le kiff !”

Lorna aurait pu laisser tomber et oublier ce pauvre type, mais elle ne prenait pas très bien les insultes. Et puis, elle avait assez vécu pour avoir finalement compris qu'il fallait parfois aller au delà du raisonnable pour faire entendre son point... Non ce n'était pas un bon argument. Surtout qu'elle devait faire profil bas. Mais c'était trop tard, ses pensées envahissantes et ses émotions avaient pris le dessus. Ce fut une voix interloquée qui la tira momentanément du tourbillon dans sa tête. Yoda ? Alors qu'elle se tournait en direction de la voix, un autre nom attira son attention... Magneto ? Il connaissait Magneto ? Aussitôt, la jeune femme se mit en alerte.

Vraisemblablement, c'était le coupable des vols, puisqu'elle ne l'avait pas aperçu dans le magasin, et que ses bras tenaient les preuves. Mutant, donc. Et un rapide. C'était embêtant, parce qu'il lui était totalement inconnu, et il avait tout de suite fait un lien entre elle et Magneto, même si son assomption était fausse pour l'instant. La mutante ne pouvait pas se permettre que la vérité sur son lien de parenté avec un des mutants les plus craints et recherchés soit mis au jour, du moins plus qu'il ne l'était déjà. De toute manière, elle ne savait pas encore trop comment gérer ce fameux lien, elle ne lui pardonnait pas de l'avoir abandonnée, laissée derrière. Peut-être que sa vie aurait été différente.

Cette pensée la bouscula plus que ce qu'elle ne pouvait le supporter en ce moment, avec la colère déjà présente.

— Mêle toi de ce qui te regarde, se renfrogna-t-elle.

Elle n'avait pas vraiment relâché son emprise sur les meubles en métal du magasin. Cependant, l'intervention de l'inconnu eut le mérite de lui faire penser aux conséquences de si elle continuait à menacer le type toujours recroquevillé derrière son comptoir. Elle relâcha donc son emprise sur lui, et elle le vit du coin de l'œil ramper pour disparaître dans un coin.

Son regard se porta un instant sur le type aux cheveux aussi étranges qu'elle, puis sur le reste du magasin. Décidée de passer sa colère comme elle le souhaitait, Lorna rassembla son énergie et envoya une vague électromagnétique autour d'elle. Le but n'était pas de blesser ou de faire exploser le magasin cette fois, mais tous les appareils électroniques se mirent à grésiller, à faire des étincelles, pour ensuite s'éteindre. C'était bien fait pour la gueule du vendeur. Et peut-être aura-t-elle aussi bousillé les jeux que le voleur impertinent avait dans les bras, ce sera sa vengeance sur lui pour lui avoir dit de calmer ses nerfs.

— Voilà, maintenant je me sens mieux, fit-elle d'un ton mordant.

Rangeant le téléphone, qu'elle avait pris soin d'épargner, dans la poche de sa veste, elle se dirigea vers l'arrière boutique en ignorant effrontément l'autre mutant. Des gens commençaient à s'agglutiner en face du magasin, attirés par l'éclat soudain, il valait mieux passer par derrière.

“Mêle toi de ce qui te regarde !” répète-t-il d’une voix geignarde. Ah c’est plus fort que lui. Pourtant Peter sait que parfois, il devrait juste se la fermer, mais décidément, il n’apprend jamais la leçon.  

Bon au moins, il peut maintenant être sûre que cette femme n’est pas une version féminine de Magneto. C’est déjà assez difficile de lui dire salut papa je suis ton fils (combien d'occasions il a manqué ? En tout cas, il regrette la dernière.) mais si en plus maintenant il doit aller voir cette drôle de nana pour lui dire yo dans mon monde, t’es mon père …. Il n’en a vraiment pas fini !

S’il est sûr que Kermit n’est pas Magneto malgré leur pouvoir similaire, c’est parce qu’elle a finalement décidé de stopper son emprise sur le propriétaire terrifié du magasin. Peter a un petit sourire désolé vers le vendeur et articule sur ses lèvres quelque chose du genre “elle est barge !!” de manière exagérée.

La colère de la barge jeune femme ne semble pas terminée pour autant, l’entiereté du magasin tremble encore, pire encore, tous les appareils électroniques gresillent et font des étincelles.

“Non non non non arrêeeeeete !!!” trop tard ! Tout ce qu’il y a dans ses bras finissent par faire boom avec la surcharge d’étincelles. Dire qu’il se pensait en sécurité loin de la catastrophe ambulante qu’est Miss Couettes Lee …. Peter laisse échapper une exclamation dramatique et désespérée.

“Mes jeux !!!!! Tu n’as pas idée de tout ce que j’ai du faire pour les avoir !!!!” se plaint-il dans la plus grande des agonies.

C'est-à-dire prendre une minute de son temps, enfin cinq avec cette altercation, MAIS QUAND MÊME ! Rah pourquoi est-ce qu’il s’est arrêté ?!

Rapidement, ils entendent la sirène de la police et Peter pousse un soupir à fendre l’âme. Il faut vite qu’il se tire avant que l’autre vieux Jack l’embarque au poste pour lui faire la morale pendant trois heures. Au moins, il est sûr que les caméras de surveillance soient HS. Il ne manquera certainement pas de frapper à la porte de son garage, mais ça ne veut pas dire que Peter lui ouvrira ! Mieux vaut être sourd que de l’entendre.

Il fait donc tomber tous les appareils hors d’usage et attrape le bocal de sucettes sur le comptoir, qu’il coince dans un de ses bras après en avoir mis une dans sa bouche. Peter file à l’arrière boutique pour rejoindre Kermit et avant qu’elle ne s’éclipse, il l’attrape par la taille. En quelques secondes, ils sont dans son garage, elle en plein milieu de la pièce et Peter affalé dans son canapé.

“Une sucette ?” dit-il en levant son pot si mérité.